Kiefer perd ses vers... Encore !

Des anecdotes mille fois entendues,
Des histoires presque connues par coeur,
Le portrait d'un homme qui a vécu,
Le tableau d'une époque qui se meurt.

Les vautours sont repus depuis longtemps,
Ton empire leur a servi de festin.
Moi je vis toujours dans ton souvenir,
Comme trop souvent incapable d'agir,
Je repense sans cesse à ton destin,
Il aurait dû m'inspirer un roman.

Je n'ai pas saisi l'opportunité,
De graver ta mémoire dans la pierre,
De coucher tes histoires sur papier.
Je suis depuis condamné à errer,
En me cachant derrière mes tristes vers,
M'efforçant de ne pas tout oublier.

Une enfance un peu trop vite écourtée,
Des démêlés avec les Allemands,
Tous les chemins de France à bicyclette,
Au moins une centaine de conquêtes,
Les égarements d'un mari aimant...
Tout ça j'aurais voulu le raconter.

Un deuil précoce qui fait souffrir,
La fondation d'une grande famille,
L'usine dont tu étais le maître,
Tous ceux que tu as envoyés paître,
Nos deux mémoires qui partent en vrille...
Tout ça j'aurais voulu le décrire.

Je n'ai pas pu tout immortaliser,
Mais j'ai au moins retenu l'essentiel.
Mieux encore que quelques péripéties,
Plus parlant qu'un résumé de ta vie,
Je serai le messager fidèle,
Des valeurs de l'homme que tu as été.

Tu m'as souvent démontré ton courage,
Transmis tous les secrets de la nature,
Inculqué la noblesse du travail,
Appris à ne pas montrer mes failles,
Et qu'une chose au moins était sûre,
C'est que notre coeur n'a pas d'âge.

Des anecdotes mille fois entendues,
Des histoires presque connues par coeur
Le portrait d'un homme qui a vécu,
Le tableau d'une époque qui se meurt,
Et maintenant le silence...